La Cannon Films en VHS: Le dossier complet

Plusieurs fois abordées sur ce blog, en toute logique car indissociable de la VHS et donc de nos tant regrettés vidéoclubs, la firme Cannon Films méritait bien en ce début d'année une page à elle seule.

En 1979, aux Etats Unis la Cannon ne produit que des séries B a très petits budgets, elle est rachetée par deux cousins qui débarquent d'Israël pour faire ce qu'ils aiment le plus: faire du cinéma. Menahem Golan et Yoram Globus investissent ce qu'ils ont en poche pour faire de cette société le véhicule pour atteindre un rêve: se faire une place à Hollywood au millieu des grandes compagnies comme la Warner, Universal ou encore la Paramount

Un pur délire de Menahem Golan, il faut voir la séquence où dieu lui-même apparaît en descendant d'une Rolls-Royce. Et dire que Mel Gibson sera décrié pour La Passion du Christ bien des années plus tard...

Après un bide monstrueux pour LE premier gros titre de la firme, Bim Stars (ovni cinématographique plus gênant que que déstabilisant) réalisé par Menahem Golan lui-même, les deux cousins vont sortir la Cannon de sa torpeur avec d'un côté un succès inattendu et de l'autre la suite d'un film qui a fait grand bruit quelques années plutôt.

Le Justicier dans la Ville 2, la définition même de la surenchère cinématographique. Ici toute la violence du premier volet, qui avait déjà fait scandale à sa sortie, est démultipliée pour cacher la faiblesse scénaristique de l'oeuvre et le fait que Charles Bronson se fout royalement dorénavant de ce qu'il joue à l'écran.

Très vite Golan & Globus se répartissent les tâches, le premier déniche les "bons coups" (stars, scénarios,...) et le deuxième s'occupe à lui seul de la phase pécuniaire (les budgets, les partenaires financiers, les investissements,...). Le duo fait ses preuves et obtient des succès certains avec des films dont les budgets sont très loin d'atteindre ceux des grandes majors (d'ailleurs très souvent la Cannon va produire des films qui ne seront en réalité que des déclinaisons des gros succès de la Warner et consorts). 

Sho Kozugi dans ses œuvres et qui va devenir l'incontournable ninja dans les vidéoclubs et bien évidemment dans plusieurs productions de la Cannon.

Le grand Chuck Norris s'empare dès son premier film du leadership dans l'écurie Cannon Films. On notera tout de même que le Portés Disparus 2, Pourquoi ?, qui sera vendu comme un prequel au 1er volet était en réalité le premier film tourné. Devant le désastre (histoire, prestation de Chuck Norris,...) la Cannon mettra en chantier immédiatement celui qui deviendra le premier opus que nous connaissons.

Une fois de plus la Cannon explore le genre vigilante, il faut bien admettre que souvent les films de la firme exploitaient une violence bien plus explicite que les grandes majors. 

Le marché du cinéma est évidemment dans le viseur de nos deux cousins mais ils vont très rapidement comprendre que le marché de la vidéo est tout aussi lucratif et qu'il y a là une place à prendre.

C'est bien avec ce Life Force de Tob Hooper que la Cannon mettra pour la première fois plus de moyens que d'habitude, malheureusement le film sera, et restera, une œuvre incomprise. Il en sera de même pour les deux autres films réalisés par Hooper pour la firme par la suite. Étrange...

Ce pauvre Lou Ferrigno, déjà ridiculisé par la Cannon dans Hercule et sa suite, s'obstine et se retrouve une fois de plus à l'affiche d'un film bancal a qui il manque un vrai réalisateur, un scénario digne de ce nom, des moyens... Le Cannon style!

La Cannon marche a plein rendement, Golan & Globus ont réussis, on parle d'eux dans l'univers du cinéma. Bon évidemment à y regarder de plus près, ce n'est pas forcément pour les bonnes raisons... Ils sont catalogués comme des "marchands de tapis" a peine dignes de confiance et qui ne sont en réalité que des faiseurs de séries B peu fréquentables. Mais ils s'en fichent, ils avancent avec deux "stars" dans leurs filets, Charles Bronson et Chuck Norris

Charles Bronson et Chuck Norris étaient sans conteste les deux têtes d'affiches de la Cannon car non seulement ils cumuleront plusieurs films en tant que vedettes pour la firme mais Golan & Globus annonceront une multitude de projet avec les deux stars sur des affiches publicitaires qui ne mèneront souvent à rien.... La preuve:

A la limite certain projet verront bien le jour mais avec un casting un peu différent (American Ninja se fera sans Norris et pour Delta Force, Lee Marvin prendra la place de Bronson). Mais le but était atteint, trouver les financements pour que les tournages commencent. Avec la vedette annoncée au départ ou non.

Mais les cousins produisent encore et encore, le rythme est infernal. La machine est parfaitement huilée: un film sort, l'argent qu'il récolte sert immédiatement à produire le suivant, pendant ce temps là Golan & Globus vendent des projets de films (un titre, une affiche avec une vedette maison et un pitch) et ainsi de suite. Le festival de Cannes (plus précisément le marché du film qui se déroule en marge de la montée des marches) sera longtemps le terrain de chasse préféré des deux cousins. 

Le marché du film à Cannes, dans les années 80, était le lieu de prédilection pour les cousins Israëliens et ainsi vendre au monde entier des projets qui ne verront souvent jamais le jour. On notera tout de même la fameuse année 1985 où Golan fera signé Jean Luc Godard un contrat sur une nappe lors d'un repas dans un restaurant de la croisette. En résultera King Liar, une œuvre inaboutie et incompréhensible qui ne laissera qu'un sentiment de consternation à tous ceux qui eu la "chance" de le voir.

1986, les choses se compliquent, les deux cousins (surtout Menahem Golan) vont vouloir battre les grandes majors sur leurs propres terrains avec des productions un peu plus conséquentes. De plus la Cannon signe un contrat hors-normes avec Sylvester Stallone (au firmament du box-office à ce moment là avec Rambo 2 et Rocky 4) pour produire son prochain film, 12 millions de dollars, du jamais vu à l'époque. Le problème c'est que les succès commerciaux ne sont pas rendez-vous... le début de la fin.

Même sans Stallone il est fort probable que la chute de l'empire Cannon était inévitable, mais on peut décemment admettre que l'acteur, qui ne touchait plus terre à l'époque (il le dira lui-même des années plus tard), a était le véritable point de départ du déclin de la firme.

En plus de Over the Top et Life Force vus plus haut, voici les quatre films qui ont mis en péril financièrement la Cannon. Tob Hooper livre une suite délirante et à des années lumières du premier Massacre à la Tronçonneuse et son L'Invasion viens de Mars qui devait rivalisé avec Rencontres du Troisième Type et E.T. et plus risible qu'autre chose. Les Maîtres de l'Univers est un tel massacre à l'écran que les résultats au box-office sont historiquement ridicules. Le quatrième opus des aventures de Superman devait faire de la Cannon la nouvelle grande major d'Hollywood, mais le budget revu à la baisse juste avant le tournage en fera une œuvre encore moquée aujourd'hui. 

A l'aube des années 90, la Cannon vacille dangereusement et ses films ne déplacent plus les foules. Les navrantes tentatives pour réitérer les succès d'antan avec les stars d'autrefois (Norris et Bronson) ne feront la joie que des clients peu regardants des vidéoclubs. Le distributeur Delta Vidéo sera le dernier à y croire, la Warner, UGC vidéo et autres Vestron (anciens distributeurs des films Cannon en France) ont depuis un moment pris la tangente. 

Dans les dernières années de la Cannon, c'est bien le "Phénomène Van Damme" qui permettra à la firme de survivre encore deux ou trois ans de plus... Mais rien ne la sauvera.

Le crépuscule de la firme s'articule autour de la séparation du fameux duo, Globus en a plus qu'assez de la folie des grandeurs de Golan qui ne voit rien (en réalité ne veut rien voir) du naufrage. Le premier reste avec la MGM qui avait permis jusque là à la Cannon de survivre et le deuxième prendra sa liberté en fondant sa propre maison de production.

Ironie du sort ou tout simplement le destin, pour leurs premiers films respectifs produits chacun de leurs côtés les cousins choisissent le même thème: la Lambada. Les deux films sortiront au même moment. 

Fidèle à lui-même, Menahem Golan promettra des films incroyables avec d'immenses stars grâce à sa nouvelle firme de production. Il n'en sera évidemment rien et elle mourra dans l'indifférence générale. 

Ainsi s'achève la formidable aventure de Menahem Golan & Yoram Globus qui ont étés des acteurs importants de cette époque que nous regrettons tant. Avouons-le, il y a avait rarement des chefs-d'œuvre impérissables mais quand même, quelle joie de revoir le logo Cannon qui s'anime avec cette musique inoubliable. Tant de souvenirs devant Delta Force, Un Justicier de New-York ou encore American Warrior 2. Des reliques, certes peu reluisantes, du cinéma de notre enfance et qui, encore aujourd'hui, au gré de nos humeurs ou envies remplacent allègrement un Fast and Furious 24 part.6 ou un nouveau Marvel à la sauve Wokiste.

A l'occasion d'un documentaire sur l'histoire de la Cannon, les deux cousins étaient de retour à Cannes en 2014. Menahem Golan tira sa révérence quelques jours plus tard. La boucle était bouclée. 

Voilà vous avez gagné, je vais me faire un petit Les Barbarians pour la peine! 


Le + VHS:
Comme vu plus haut le documentaire The GO-GO Boys retrace la fabuleuse épopée de la Cannon. Ce documentaire approuvé par les deux cousins est très instructif mais il a une certaine tendance à mettre sous le tapis (volonté affichée de la part de Menahem Golan) les échecs, les mauvais choix et autres erreurs évitables. Mais un autre documentaire Electric Boogaloo, toujours sur le firme, est beaucoup plus objectif et explique clairement les travers de Golan que son cousin n'a pas réussi à canaliser. 

"Menahem ne connait plus personne quand il s'agit de cinéma, ni son cousin, ni sa femme.... Personne !"

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